Michel Bénard (1) rend hommage au talent de Cerise Alexandra qui a illustré l’ouvrage de Gérard Olivier "Au fil du temps..." dédicacé le 19 octobre 2018 à la Société des Poètes Français (Paris 6e)
Par Michel Bénard
(1) Lauréat de l’Académie française
Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres
Poeta Honoris Causa
Portons désormais succinctement, hélas, notre regard vers Cerise Alexandra que j’ai évoquée précédemment. Notre délicate illustratrice fut toujours très attachée aux arts plastiques. En premier lieu, elle travailla les techniques anciennes, huile, tempera à l’œuf délicate et de haute tradition, la feuille d’or, voici un beau clin d’œil aux maîtres anciens.
Notre artiste s’orientera également vers l’aquarelle par le biais de l’atelier du Musée Carnavalet, belle référence si besoin était de le rappeler. Elle s’initia aussi aux techniques délicates du trompe-l’œil en passant même par l’hyperréalisme véritable défi.
Régulièrement autour de thèmes différents, Cerise Alexandra expose en salons, galeries, en collectifs et individuellement.
Cependant aujourd’hui, ce sont ses travaux d’illustratrice qui retiennent notre attention autour de l’ouvrage exquis et précieusement ciselé du poète Gérard Olivier « Au fil du temps ».
Très beau travail en binôme et remarquable lien entre le verbe et la matière, pour autant que l’aquarelle puisse être associée à la matière.
Délicieuse osmose entre l’image ou la métaphore poétique conjuguée au report graphique qui révèle l’image.
L’harmonie ici est sensible, subtile, judicieuse. Une façon imparable de donner une visibilité aux poèmes.
Je n’oserai pas évoquer un quelconque rapprochement avec l’expression picturale naïve, mais plus précisément une vision « d’innocence » contrôlée et particulièrement un retour au jardin de l’enfance. Jardin de toutes les libertés !
Rien de mieux adapté que le recueil de Gérard Olivier « Au fil du temps » afin de pouvoir s’exprimer en ce sens.
Les belles et sensibles illustrations de Cerise Alexandra rythment l’ouvrage au fil des pages et ce sera le printemps qui ouvre le ban avec un soleil quelque peu ébouriffé, des hirondelles qui se posent sur un fil imaginaire, un peu comme de petites notes de musique, une toile d’araignée qui cultive des perles de rosée, un grillon concertiste ou une cigale qui cymbalise à la lune.
Parfois le ciel s’alourdit, les bourrasques désarticulent les épouvantails. Le rouge-gorge et le merle défient l’hiver en réchauffant ainsi les deux cœurs gravés et enlacés sur un vieux tronc d’arbre. Quant à Pierrot, le pauvre petit romantique, il cherche sa Colombine dans des reflets d’eau, serait-ce le mirage de l’amour qui le rendrait aussi aveugle ? Ici fleurs, plumes, légendes se mêlent.
Tout dans cet ouvrage en commun n’est que poésie !
Quant aux dessins et à la technique, l’ensemble se veut le reflet et l’écho de beaucoup de sensibilité, de savoir-faire et de savoir-imaginer, véritable vague d’émotion.
Alors, ouvrez bien grand vos yeux et vos cœurs car ce recueil va contribuer à quelques instants de bonheur.